Et puis soudain, nul ne sait pourquoi, dans la nuit, il fit un rêve.
En lui gonfla un immense désir…
Quand finalement elle trouva, elle vit que c’était la transparence.
Loooooogtemps, le caillou chercha son extase, son accomplissement.
Quand finalement il trouva, il vit que c’était le cristal.
Et le cristal régna.
Mais à son tour, ayant exploré tous les jeux lumineux de ses aiguilles de verre, le cristal s’emplit du désir d’autre chose, qui le dépasserait.
A son tour il se mit à rêver.
Lui qui était si solennel, si droit, si dur, il rêva de tendresse, de souplesse et de fragilité.
Alors apparut la fleur. Et ce fut le troisième rêve, la troisième route.
Loooooogtemps, la fleur, ce sexe de parfum, chercha son accomplissement, son extase.
Quand enfin elle trouva, elle vit que c’était l’arbre.
Et l’arbre régna sur le monde.
Mais vous connaissez les arbres. On ne trouve pas plus rêveurs qu’eux (ne vous amusez pas à entrer dans une forêt qui fait un cauchemar). L’arbre à son tour fit un rêve.
Lui qui était si ancré à la terre, il rêva de la parcourir librement, follement, de vagabonder au travers d’elle.
Alors apparut le ver de terre. Et ce fut le quatrième rêve. La quatrième route.
Loooooogtemps, le ver de terre chercha son accomplissement, son extase. Dans sa quête, il prit tour à tour la forme du porc-épic, de l’aigle, du puma, du serpent à sonnette. Longtemps, il tâtonna.
Et puis un beau jour, dans une immense éclaboussure…
Au beau milieu de l’océan… un être étrange surgit, en qui toutes les bêtes de la terre trouvèrent leur accomplissement, et ils virent que c’était la baleine !
Longtemps cette montagne de musique régna sur le monde. Et tout aurait peut-être dû en rester là car c’était très beau. Seulement voilà…
Après avoir chanté pendant des lunes et des lunes, la baleine, à son tour, ne put s’empêcher de s’emplir d’un désir fou.
Elle qui vivait fondue dans le monde, elle rêva de s’en détacher.
Alors… !
Alors, brusquement nous sommes apparus, nous les hommes.
Car nous sommes le cinquième rêve, la cinquième route, en marche vers le cinquième accomplissement, la cinquième extase.
Dans tout caillou du bord du chemin, il y a un cristal qui dort.
Dans le plus petit brin d’herbe, sommeille un baobab.
Et dans tout ver de terre, se cache une baleine.
Quant à nous, nous ne sommes pas « le plus bel animal », nous sommes le rêve de l’animal !
Et ce rêve est encore inaccompli.