« Merci pour ce que je vis et que je ne comprends pas. »

Ces mots écrits dans mon petit carnet, appuyée sur un muret de pierres devant un étang entouré de forêts et habité par une famille de poules d’eau et deux magnifiques cygnes blancs, alors que les corbeaux discutaient d’un arbre à l’autre, que les papillons verts se posaient légèrement sur les fleurs mauves et que je venais de croiser sur le chemin qui m’y conduisait un faon et sa mère qui avaient guetté mon arrivée cachés derrière des branchages, comme les deux comiques curieux qu’ils étaient de voir qui se promenait à cette heure sur leur territoire ; alors que j’avais remercié cette paire d’yeux écarquillés qui s’offrait à mon regard et qu’ils s’étaient enfuis - Pfffffuit ! - dans un champ de tournesols ; alors que je venais donc de me réjouir de tout cela dans le silence de ma paix intérieure et que, de retour à Paris, je m’en souviens…  je me demande…

Comment nommer la paix ?

Comment nommer cette certitude intérieure que tout est à sa place, que je suis celle-là, à cet instant-là. Là où JE SUIS.

Comment dire ma gratitude pour la générosité de la Nature, pour ses dons et ses surprises, pour ses réponses indicibles et pleines d’humour aux moments les plus inattendus ?

Comment dire ma reconnaissance envers moi-même – envers ‘mon petit moi-même’ – pour ce chemin que je parcours depuis si longtemps avec ses obstacle, ses pierres, ses murs et aussi ses cadeaux, ses grâces, ses rires et ses étreintes chaudes ?

Comment dire ma certitude vive que rien n’est jamais perdu, que tout fait sens au milieu du chaos pour enrichir et nourrir au plus profond l’authenticité de mon être ?

Comment TE le dire pour le partager avec toi et pour – surtout – TE remercier ?

Comment le LUI offrir et l’envoyer en écho de miroir vers l’universel ressenti pour que cela retombe en infinies lucioles dans le cœur de tout ce qui vibre ?

Comment… Comment… Comment ???

Merci pour ce que je vis et que je ne maîtrise pas ! 

Brigitte Guilhot, 8 juillet 2012