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Référence de la petite annonce : 8217
Catégorie : texte à lire
annonce déposée le : 13-05-2009
Par : jeango105l
La nouvelle ancienne lubie de la bonne bouffe

La nouvelle ancienne lubie de la bonne bouffe

Par : Jean-Gil Gonzalez

 

C’est la grande tendance, la grande mode, celle qu’il ne faut à aucun titre ne pas suivre sous peine d’être pris pour un dinosaure.


Ils ne savent plus quoi combiner pour pouvoir y apposer le nom de recette culinaire. On n’arrête pas le progrès puisque parmi la gente cuisinière on mélange maintenant le soda et le riz. Il parait que cela goûte bon. Il n’y a rien à critiquer dans la démarche si l’on veut bien la comparer à celle qui consiste à faire frire un grillon et à l’enrober de chocolat pour en faire une croustillante bouchée.


Il existe même sur Terre des humains qui avalent des œufs de tortue crus, comme ça d’un coup et y ajoutent un trait de citron vert. Oui, Oui ! Chacun se nourrit comme il le peut ou comme il l’entend. C’est sans doute ce qu’on appelle la diversité culturelle.


Cette diversité se manifeste également dans la façon de se nourrir. Elle se transforme au fil du temps. La cuisine moléculaire est peut-être l’évolution des cous de girafes farcis à la graisse d’urus des romains des aventures d’Astérix et Obélix. Deux mille ans ont passé et je ne vois pas de différence. Au contraire j’y dénote un point commun aux deux époques. Celui de détourner une fonction vitale de son contexte réel et de succomber à la lubie de la grande bouffe.


Les romains s’empiffraient de mets plus fins les uns que les autres et y combinaient la séduction sous toutes ses formes (courbes) pour rendre l’acte de se nourrir plus « fun ». Aujourd’hui, les professionnels de l’alimentation attirent leur clientèle en jouant sur le même registre. Ils rivalisent d’inventivité pour nous proposer L’Expérience Ultime en matière de se nourrir. Se nourrir macrobiotique-bio-moléculaire-végétarien avec ou sans gras trans, avec ou sans supplément vitaminique ou bifidus actif pourvu de nano-pépites de collagène doit certainement être plus facile que de faire germer des graines de lentilles vertes pour ensuite les croquer avec un peu d’huile d’olive et du sel de mer. À en croire les nouveaux pontes de l’alimentaire, cela en a tout l’air.


Que signifie se nourrir ? Se nourrir consiste à transformer une source d’énergie en une autre qui s’appelle la vie. Tout ce qui vit est un système de transformation tout au long du processus vital. La graine plantée en terre en transforme ses éléments minéraux pour produire ses fruits. L’oiseau transforme le fruit pour vivre et l’humain transforme l’oiseau pour se maintenir en vie également. Est-ce qu’il y a là de quoi en faire tout un plat ?

Le hic dans cette folle épopée de la vie c’est que nous qui sommes, soi disant, au bout de la chaîne de l’alimentation nous en faisons non pas tout un plat mais toute une tablée. À force de nous focaliser sur la bouffe sous toutes ses formes, le résultat est que nous en oublions la fonction essentielle d’un acte qui consiste à nous maintenir en vie pour poursuivre notre existence.


Pas plus les diététiciens que les toques étoilées n’évoquent cette simple évidence. Chacun y va de son petit couplet sur les avantages ou sur les plaisirs liés à l’action de transformer tout ce qu’ils appellent nourriture. On nous gave de termes comme caramélisation des sucs, fluidité sous les papilles, vitamine B ou E, anti mauvais cholestérol, convivialité ou partage des sens mais personne n’est assez sobre pour aborder le fait que cette nourriture que nous faisons entrer dans notre usine de transformation sert à nous maintenir en vie, tout simplement.


Parmi les millions de combinaisons d’assemblages de nourritures (recettes de cuisine) disponibles tout autour de la planète, combien y en a-t-il qui évoque clairement le degré de vitalité qui résultera de leur transformation ?

Cela apparaît paradoxal lorsqu’on songe que nous connaissons mieux le rendement et le comportement des machines que nous utilisons, en leur demandant de transformer de l’énergie, que notre propre machine corporelle.


Vous connaissez la distance que peut parcourir votre voiture avant d’en refaire le plein, vous savez aussi quel type de carburant lui donner pour que le moteur puisse bien le transformer en énergie, vous avez une bonne idée du moment où il faudra en renouveler l’huile, vous savez même le taux d’émission des rejets qu’engendre son fonctionnement  Mais si je vous parle de votre propre corps et que je vous demande qu’est ce qui, entre la transformation d’une botte de haricots verts cuits à la vapeur ou d’un plat de spaghetti à l’huile et à l’ail, vous permettra de maintenir votre fonctionnement vital le plus longtemps et dans les meilleures conditions de maintien possibles, saurez-vous aussi simplement me donner une réponse claire et sensée ?

Et pourtant dans les deux cas, nous parlons de transformer de l’énergie pour poursuivre notre chemin le mieux et le plus longtemps possible.


Alors que la transformation d’énergie pour les machines que nous faisons travailler pour nous se met à la page de la consommation la plus faible, la plus durable et la moins dommageable pour notre environnement, celle qui concerne la machinerie qui nous est la plus intime se complait dans une débauche de superlatifs et de supercheries qui nous détournent de l’essentiel.


C’est un signe des temps, comme le dit la formule consacrée : une grande part de l’humanité (celle qui dispose du plus grand pouvoir d’influence) est en train de succomber à sa nouvelle lubie sans se rendre compte qu’à trop vouloir magnifier, amplifier, décortiquer, édulcorer ou encore faire mousser ce qui lui permet de se maintenir et de se renouveler, elle ne se rend pas service du tout.


7 mai 2009

Jean-Gil Gonzalez
jeangilgonzalez@gmail.com





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Cette page, mise en ligne le 13-05-2009, a été consultée par 315 visiteurs
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