Si proche
Tu aimes tant te promener le jour au bord de la mer,
Et tu aimes tant te promener la nuit au bord de l'amour.
Au commencement de cette longue et belle promenade,
Tu vis, tu respires, tu aimes, ta mère, son amour.
Ensuite tu aimes la mer, ses mystères,
Mais l’amour plus que tout.
Puis, amer de l'amour, tu aimes la mort sans amour.
Tu attends. La mort, ou l'amour, tu ne sais.
Tu demandes alors à ta mère,
Qui ne sait pas, et qui est déjà loin.
Alors s'éloignant de la mort sans amour,
Tu retournes vers la mer, vers l'amour,
Vers ce vaste désert aux flots bleus et argentés,
Qui reflètent les bonheurs et les malheurs passés.
Et tu réalises soudain que ces nobles vagues,
Sont en fait les lumières et les joies de l'amour,
Et que les malheurs perdus errent au fonds de l'eau,
Sans jamais revoir la cime des flots.
Alors oubliant les petites morts,
Tu portes ton corps au milieu de ce grand corps qu’est l’eau,
Et tu fais, corps à corps avec ces lames enflammées,
Battre ton cœur et ton corps tout contre l’eau.
La mer connaît ton corps comme nulle mère ne pourrait,
Elle te recouvre entièrement, te caresse,
Te rend plus léger et plus souple,
Et repousse les lois qui chaque jour te limitent.
Heureux et confiant tu pénètres cette mer corps et âme.
Tu es dans le noir, les yeux fermés,
Tu ne respires, ni ne vois, ni ne sens,
Tu entends juste le langage de la mer.
Tu ressens l’amour, la vie,
Et la mer te laisse repartir.
Tes yeux s’ouvrent, se referment un peu, la lumière est forte.
Seul devant l’horizon, tu souris,
Tu l’aimes tellement, la mer.
Tes châteaux de sable sont loin, engloutis,
Et toi, tu reviens tranquillement vers la terre.
Tu as su aller au-delà du bord,
Au-delà de tes peurs, de tes rancœurs.
Tu te promènes sur la mer et sur la terre,
Le jour et la nuit ne font presque plus qu’un.
Olivier Dougoud 2003/2012